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ies2014.serendipityThumb.jpgIES2014, le forum de l’intelligence économique organisé par l’AAAF (www.ies2014.net), c’était en septembre dernier. A cette occasion, le portail de l’IE a réalisé des interviews des intervenants. Il nous les dévoile aujourd’hui. Elles sont disponibles sur son site web. Quelques souvenirs pour ceux qui ont participé à l’événement. Quelques idées fortes pour tout le monde.

Intelligence Economique – Références et notions clés

La Délégation Interministérielle à l’Intelligence Economique vie nt de publier un nouvel ouvrage intitulé « Intelligence Economique – Références et notions clés« . Il est gratuitement téléchargeable à l’adresse http://tinyurl.com/pktauxc. On notera avec intérêt que cette page du site http://www.intelligence-economique.gouv.fr liste également de nombreuses autres ressources gratuites relatives aux activités de l’intelligence économique.
Ce document est conforme avec ce que l’on connait et ce que l’on peut attendre de la D2IE. L’intelligence économique reste une vue de l’esprit, une sorte de grnouile qui veut se faire aussi grosse que le boeuf. C’est ce qui transparait derrière des affirmations comme:

  • L’intelligence économique (IE) est un mode de gouvernance devenu obligatoire pour une entité évoluant dans un environnement compétitif c’est-à-dire aujourd’hui quasiment toutes (pour la bonne compréhension, les entreprises de toutes tailles, les organismes de recherche et les administrations sont regroupés sous le terme générique d’«entité»)
  • L’intelligence économique est à la fois une gouvernance, une politique publique et un domaine de recherche

Il ne faut donc pas s’étonner que les objectifs poursuivis, en termes d’appropriation par les entreprises, en attente de points de vue pragmatiques, ne soient pas rencontrés. Et la posture adoptée par rapport à la veille n’aide pas non plus à favoriser l’adoption des pratiques d’IE dans les entreprises, et plus particulièrement les PME.
L’information, la donnée et la veille sont présentées comme la pierre angulaire de l’intelligence stratégique (L’information et la donnée deviennent stratégiques – La veille est la base de la démarche d’intelligence économique). Et la veille est surtout présentée comme un ensemble de techniques et d’outils qui visent à accumuler de l’information (La veille consiste à collecter, traiter, hiérarchiser, analyser, valider, mettre en forme et diffuser de manière méthodique des informations rassemblées à partir de nombreuses sources ouvertes et légalement accessibles en utilisant de préférence des compétences pluridisciplinaires). Pourtant, il est évident pour tout le monde, surtout les acteurs de terrain, que l’accumulation de données et d’informations ne fait pas l’intelligence. Au contraire du questionnement, qui est particulièrement absent de ce document…
En conclusion, ce document sera surtout apprécié par ceux qui portent un regard théorique et académique sur le sujet, beaucoup moins à ceux qui cherchent à en faire, sur le terrain, un outil de performance.

Les échiquiers invisibles, outils d’intelligence économique, clés de compréhension du monde

Les récentes révélations relatives aux activités d’espionnage menes par les américains à l’encontre de ses alliés européens, qui n’ont sans doute surpris que les candides, nous rappellent que la marche du monde est bien régie par des forces qui ne sont pas visibles par tous. Certains, comme Christian Harbulot, appellent ces phénomènes les échiquiers invisibles.
Derrière ce terme, digne d’un titre d’une aventure de Harry Dickson, se trouve une méthode d’analyse stratégique qui nous permet de comprendre notre monde au-delà des clés de compréhension traditionnelles et manichéennes issues des théories d’Adam Smith et du communisme. L’actualité nous invite donc à relire des documents qui traitent de la question comme par exemple l’article de Christian Harbulot intitulé « Le faux débat sur la guerre économique » (1996 – http://tinyurl.com/oka38vu) ou le texte d’André Lanata « Pour un système français d’intelligence économique » (http://www.aassdn.org/xlde11675.htm). Documents dans lesquels on retrouve des indices selon lesquels les marchés ne sont pas simplements régis par les forces d’une saine concurrence, mais qu’ils sont influencés par des volontés d’hégémonies nationales. Ainsi, la déclaration de G.W. Bush qui, en 1992, voulait tuer l’industrie aéronautique européenne. Heureusement, il s’agit -là d’une guerre que l’Europe n’a pas perdue…

De l’art de profiter de l’expérience des autres

Si l’expérience est l’art de ne pas répéter ses erreurs, comment doit-on appeler l’art de ne pas répéter les erreurs des autres?
Finalement, peu importe, pour y arriver, il faut surtout découvrir et  comprendre les erreurs des autres. Et c’est sans doute particulièrement dans le monde bouillonnant des start-ups dont on nous montre régulièrement quelques réussites (qui deviennent emblématiques) tout en passant sous silence la grande majorité des échecs. Alors, saluons l’initiative de ceux qui sont derrière le site http://autopsy.io/ qui répertorie de très nombreuses histoires de start-ups qui ont échoué.
La première histoire qui nous est proposée « 5 reasons why my IoT startup failed » (http://tinyurl.com/pjf97bb) nous rappelle que l’enthousiasme ne suffit pas à compenser des wagons qui ne sont pas accrochés dans le bon ordre. on y trouve aussi quelques déclarations délicieuses comme:

  • Après 5 mois de laborieuses journées de 14 heures, à développer un produit IoT à partir de rien et à dépenser des milliers de dollars de l’argent des autres, mes deux co-fondateurs et moi nous nous sommes réveillés en sursaut…
  • Nous étions dans les temps, avec notre produit prêt pour le marché en moins d’un an. Nous étions contents de nous mêmes. Les investisseurs étaient contents de nous. La vie était un lit de pétales de roses.
  • Jusqu’au jour où… nous nous sommes rendus compte que nous avions sous-estimé le temps nécessaire au développement d’un produit fini et que nous avions surestimé la demande et l’utilité de notre produit…

Les 5 erreurs relevées sont:

  1. Nous n’étions ni spécialistes ni utilisateurs du produits que nous développions
  2. Nous n’avions pas analysé l’idée sur laquelle nous travaillions avant de nous lancer
  3. Nous avons tardé à pivoter en raison des sommes investies
  4. Nous ambitionnions de faire tout pour tout le monde
  5. nous avons sous-estimé le hardware

Finalement, rien de bien révolutionnaire… Toutefois, au bout de cet article, la question qui me taraude (d’autant que mon expérience de terrain me la pose souvent) est: quel est le rôle des investisseurs? Il me semble qu’ils se reposent surtout les statistiques (1 projet sur x sera un succès) plutôt que d’investir des efforts pour mener au succès les projets qu’ils financent. 

Droit à l’oubli et Droit au déréférencement : les États-Unis aussi ?

Ainsi que nous l’évoquions à la fin de notre actualité du 13 juillet, il semble bien que le droit à l’oubli et au déréférencement, conquis de haute lutte par les instances judiciaires suprêmes de ce côté de l’Atlantique, ait fait des envieux de l’autre côté de l’océan.

Récemment, la puissante organisation Consumer Watchdog qui comme son nom l’indique veille au respect des droits des consommateurs américains, et adressé à la Federal Trade Commission (FTC, Commission fédérale du commerce) une plainte demandant pour quelle raison Google n’avait pas adopté aux États-Unis le « droit à l’oubli » (« Right to be forgotten« , également dénommé « Right of relevancy » : « droit de pertinence » ou encore joliment « Right to preserve obscurity« , si proche du français qu’il n’est pas utile de le traduire littéralement, mais on pourrait ainsi forger « un droit de vivre heureux en restant caché« , en paraphrasant l’adage bien connu).

Dans le courrier adressé à la FTC, on peut notamment lire : « Ne pas offrir aux Américains un outil de base de la vie privée, tout en l’offrant à des millions d’utilisateurs en Europe, est également une pratique déloyale. » (traduction Les Infostratèges). Il est donc significatif de constater que cette fois, c’est la vieille Europe qui montre la voie de la défense des droits des personnes et de la vie privée…

Une carence législative criante, vue d’Europe

Les arguments invoqués par ce courrier sont très peu juridiques et très pragmatiques, à l’anglo-saxonne. On peut même s’étonner, en bons Européens, qu’il s’adresse à la Commission fédérale du commerce et non à une quelconque autorité de contrôle de la vie privée ou des données à caractère personnel.
C’est tout simplement parce que, en droit américain, ces concepts n’existent pas, ou en tout cas sont très ponctuellement protégés (seules les correspondances privées électroniques sont réglementées actuellement par un texte de 1986). Il n’existe aux États-Unis aucune loi de protection des données à caractère personnel qui englobe, comme en France ou dans l’Union européenne, l’ensemble des cas de figure pour protéger globalement ces données. Il existe des traces ponctuelles de protection, comme par exemple pour les questions de crédit dans le Fair Credit Reporting Act (loi sur l’évaluation loyale du crédit) qui impose un droit à l’oubli des dettes d’un consommateur au bout de 7 ans dans la plupart des cas (à l’instar des interdits bancaires en France, dont les noms ne peuvent être consevés plus de 3 ans).

Ce n’est du reste pas la seule grande carence du droit américain concernant la protection des personnes. Sait-on par exemple que le droit à l’image des personnes n’y est pas reconnu ? Pas plus que la diffamation, sauf à apporter concrètement la preuve du préjudice qu’on a subi, selon un arrêt de la Cour suprême des États-Unis.

En savoir plus

Voir l’article du site Thenextweb.com en date du 9 juillet qui signale l’événement :
http://thenextweb.com/google/2015/07/08/google-is-facing-a-fight-over-americans-right-to-be-forgotten/

Voir l’article de Consumer Watchdog sur leur site, en date du 7 juillet sur le sujet : « Google’s Failure To Offer ‘Right to Be Forgotten’ In United States Is Unfair And Deceptive, Consumer Watchdog Tells Federal Trade Commission In Complaint » (L’échec de Google d’offrir un « droit à l’oubli » aux États-Unis est déloyal et trompeur, dit le Consumer Watchdog à la Federal Trade Commission dans sa plainte) :
www.consumerwatchdog.org/newsrelease/google%E2%80%99s-failure-offer-%E2%80%98right-be-forgotten%E2%80%99-united-states-unfair-and-deceptive-consumer-

Et le courrier adressé à la FTC le même jour (pdf, 157 ko) :
www.consumerwatchdog.org/resources/ltrftcrtbf070715.pdf

Les rebelles numériques (Un dossier de Thot)

Il sont rêveurs, voleurs, mutants et activistes : voici 20 portraits de rebelles numériques qui vont changer notre siècle. Enquête aux marges du Web. Omidyar, Snowden, Kurzweill, Parviz, Musk, Thiel, Rifkin, Niel, Lanier, etc. : ils ont en commun de construire activement le monde de demain. En allant un à un à leur rencontre, cet étonnant document dessine les grandes lignes d’une civilisation qui ne ressemblera aucunement à celle du 20ème siècle, avec ses risques, mais aussi des opportunités qui défient l’imagination.
Portrait de ceux qui élaborent dès aujourd’hui le monde futur : Ray Kurzweill, le maître à penser de l’Intelligence artificielle chez Google ; Seth Goldstein qui travaille au Carnegie Mellon sur des objets qui changent de forme ; Babak Parviz qui veut mettre la réalité augmentée dans des lentilles oculaires ; Elon Musk à l’initiative de Tesla, la voiture électrique ; Renaud Laplanche, promoteur du peer to peer financing ; Xavier Niel, fondateur de Free qui voit dans le numérique un vivier énorme d’emplois ; Jaron Lanier, l’un des pères emblématiques de la réalité virtuelle ; Edward Snowden et ses révélations sur les pratiques de la NSA ; Jéremie Zimmerman, du site la Quadrature du Net, voix très écoutée pour dénoncer les abus des grandes sociétés du Web ; Satoshi Nakamoto, inventeur probable du Bitcoin, monnaie virtuelle et anonyme, etc.

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